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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

L'écume du temps

- C'est un détournement de Boris Vian ce titre ?

- Non, pas du tout, mais plutôt l'image que je viens d'avoir cette nuit, et qui m'a pratiquement réveillé, de l'écume en crête de vagues telle une armée ordonnée poussée par le vent. Sans doute inspiré par une vidéo d'Arte vue hier concernant la formation des vagues "scélérates". Ce titre avait attiré mon regard alors que je surfais sur le net pour trouver des présentations de la théorie des jauges en complément de mon dernier article "Question de spin et de temporalité".

- Tu n'es vraiment pas très sérieux dans tes recherches...

- J'étais fatigué de ce que je lisais: je n'accrochais pas, jusqu'à ce que je tombe sur deux petites notes, en annexe d'un blog fort bien fait (note 1) qui ont débridé mon imagination. Cette vidéo, c'était une façon de prendre du recul.

- Je ne comprends pas, tu étais ennuyé de ce que tu lisais ou enthousiaste ?

- Le flot d'équations traduisant la mécanique quantique, tout cet amoncellement de couches de langage, cette façon scripturale d'aborder la physique m'ennuie. J'ai la tête comme une passoire, et j'oublie vite ce que je viens de lire. De plus tout part des équations classiques dont nous avons déjà discuté (voir "De Lagrange à Euler"), avec les remarques que nous avons faites sur la façon de maltraiter le temps lorsque l'on passe en coordonnées réduites. Pour tout dire je n'ai pas de facilité pour l'expression analytique de la physique et j'avance comme un boeuf sous le joug tant que je n'ai pas d'images sous les yeux, or, dans cette annexe, je vois deux images qui me frappent immédiatement.

Tout d'abord ce ruban que l'on torsade pour illustrer le concept de spinner me renvoie immédiatement à mon ver de dimension zéro se baladant sur S1 (voir "Question de spin et de temporalité"), j'y reviendrais par ailleurs car cela me conforte dans mon approche; mais avant tout, je veux parler ici du schéma d'une interaction électron/ photon que Feynman interprète comme une "remonté du temps"...

Et c'est ça qui m'a fait triper immédiatement.

1/ L'interprétation classique est la suivante: 

  • Un faisceau de photons génère une paire électron-positron à l'instant t0. L'électron s'échappe en direction de A.
  • À l'instant t1, le positron rencontre un électron de B. Leur annihilation génère deux photons.

2/ Interprétation de Feynman:

  • Un électron provient de B. Il émet des photons à l'instant t1. Cet événement lui fait remonter le temps. Il prend le chemin inverse de celui emprunté par le positron dans l'interprétation 1.
  • Au temps t0 antérieur à t1, ce même électron entre en interaction avec des photons très énergétiques. Il reprend alors le cours normal du temps et s'échappe en direction de A.

C'est l'interprétation non conventionnelle des événements. Elle est autorisée par la théorie: un positron et un électron orienté en sens inverse et qui remonte le temps sont représentés par la même équation.

Or, dans mon article précédent, je développais l'idée selon laquelle dans une paire l'éléments duaux, l'un partait vers le passé et l'autre vers le futur, en bref qu'ils ne formaient à eux deux qu'une seule entité "présente". Le sens de l'histoire dépendant de l'évolution temporelle de l'observateur.

- À ceci près que tu ne parlais que des états corrélés des spins de deux fermions...

- Oui, notre discussion était partie de là, et de considérations sur l'interprétation du stade du miroir dans l'organisation de notre Imaginaire. Ici, Feynman élargit ce que j'ai pris comme point de départ pour parler de dualité, mais le mécanisme Imaginaire n'est-il pas du même ordre?

C'est la question que je me posais et j'ai pris un peu de champ en passant à cette vidéo d'Arte pour respirer.

Et cette nuit, cette vague s'imposait comme une invite à larguer les amarres: oui, nous fabriquons nos représentations à partir de schémas profondément ancrés en nous, tels qu'espace et temps, mais ce n'ai rien d'autre qu'une façon de nous repérer, rien d'essentiel là-dedans. Alors allons-y, suivons le lapin blanc dans sa tanière.

J'en étais arrivé à dire que le temps vécu par le Sujet en Im n'est pas celui vécu localement en I'm. Et bien prenons-le au sérieux. Ensuite, j'ai dit qu'en passant d'un point de vue à l'autre, le Sujet ne représentait que la moitié d'un "objet synchronique", en gros pour ce qui nous concerne ici, un fermion. Une partie allant de conserve avec lui vers le futur, l'autre s'évanouissant vers son passé. Soit.

Autrement dit, le plus stable dans tout ceci, c'est encore le mouvement pur du Sujet passant sans arrêt de I'm à Im et vice versa. C'est cette fluctuation même du Sujet, son pouls Imaginaire pourrait-on dire, qui bat la mesure du temps. Et bien gardons cette hypothèse.

Laissons-nous aller sans entrave à reprendre ce schéma de Feynman dans notre propre représentation du Sujet face à son discours. Qu'avons-nous?

- Deux états à t0 et t1.

- D'accord. Disons qu'il y a au moins deux phases où le Sujet décrit le processus en position ex post en Im, à savoir le moment initial où les deux photons se rencontrent, et celui où deux autres sont émis. Ceci vient du fait que les photons sont des quantas d'actions "diachroniques" par essence, et donc qu'ils ne peuvent être décrits qu'ex post. Autrement dit, le discours de notre Sujet est déjà certainement constitué de deux "phrases" synchroniques par Im:

Phrase φ1 Phrase φ2

La succession temporelle tient au lien qui s'établit entre les deux:

  • l'interprétation classique donne φ1/ φ2 ;
  • quand Feynman enchaîne φ2/ φ1. 

Sauf qu'une régression de t1 à t0 suppose quelque part un changement de pied du Sujet, un moment où il passe au moins par une description locale en I'm de la scène.

- Tu es coincé parce que tes photons, sont comme des "intercesseurs", donc diachroniques, des "go between", mais que l'histoire ne dit pas en φ1 de quoi ils sont issus.

- C'est pourquoi on doit penser à eux en termes de "champs".

- D'accord en ce cas, les deux "éléments" électron et positron, décrits comme baignant dans un "champ" de photons dans la phrase φ1 ne peut s'exprimer que sur deux niveaux synchroniques: Iéléments<IchampIm; et nos deux photons sont deux éléments diachroniques Iéléments / Ichamp. De ce point de vue, notre paire électron/positron peut être vue comme l'objet dual issu d'une décorrélation.

Maintenant, l'idée de Feynman d'un électron remontant le temps dans φ2, reviendrait à dire, d'après ce que nous avons vu dans nos derniers articles, que nous changeons de point de vue à un moment qu'il reste à déterminer pour le décrire.

On ne voit pas très bien le déclencheur du processus: pourquoi tout d'un coup remonter le temps? Toute cette construction sent l'artifice: pourquoi cet électron particulier remontrait-il le temps pour avoir le plaisir de rencontrer son compère en t? Je sais bien que Dieu fait ce qu'il veut, mais bon... C'est un peu capillotracté, non ?

- Je te propose de revenir à φ1: il s'agit d'une création élémentaire, l'équivalent en physique de notre axiome d'existence. Or, nous avons vu que pour prendre conscience de son existence, notre maître à tous Descartes a du en rapporter l'évidence à son propre discours, autrement dit, Descartes est dans la position Iego<Ipense≤Im. Ce qui donne en langage mathématique : I1<I01≤Im.

Nous avons donc une situation du même type avec Iéléments<IchampIm quoique cette fois-ci nos "éléments" soient plus complexes: l'électron est doté entre autres d'une masse, d'une charge et d'un spin de valeur 1/2. Suffisamment complexe pour que je puisse m'en faire une représentation "locale", en complément des seules approches "globales" que le Sujet adopte pour se référer au cogito comme à l'objet final.

Autrement dit, je peux très bien considérer la paire (électron; positron) comme  unique "objet" d'une observation que je rapporte tantôt à Im, tantôt à I'm, avec cette particularité que vu de I'm, il y a une "chiralité" générale de tous les paramètres de l'observation rapportée par Im :

  • En Im je décris l'apparition d'un électron, évoluant vers le futur;
  • En I'm je décris son évanouissement vers le passé.

Je pose par hypothèse IélémentsI01 et IchampIR pour nous permettre de développer en termes mathématiques, ce que nous présentons ici de façon intuitive.

- Quoi de neuf par rapport à l'explication classique ou celle de Feynman?

- Déjà, nous simplifions la description: il n'y a plus deux phrases φ1 et φ2 dont la connexion tenait au bon vouloir du physicien, mais une seule φ1, et donc, malgré les apparences, en introduisant notre Sujet-physicien dans son propre discours, je limite son influence sur ses représentations parce que j'en explicite les potentialités.

Ensuite et surtout c'est la conception même du temps que nous modifions en situant la place du Sujet dans son propre discours... De simple succession, entre I1 et I01, dans une approche purement logique, sa nature change radicalement entre I01 et IR, d'une façon cohérente avec tout ce que nous avons déjà vu de la singularité de ce saut et de la radicalité du changement d'approche logique/ topologique .

La vraie difficulté intellectuelle consiste à accepter comme une évidence que le temps n'ayant aucune substance, ou essence propre, nous puissions ainsi le "comprendre" différemment, en fonction de notre point de vue. Il est difficile d'accepter un temps physique naviguant entre passé et futur lorsque toute notre expérience sensible nous hurle aux oreilles que c'est pure folie.

D'où cette idée sans doute d'un temps malléable comme une mer, et nous surfant  au présent sur la crête d'une vague entre passé et futur.

- Il faut malgré tout redescendre sur terre un jour ou l'autre...

- Je pense que la représentation du temps s'éclaircit au stade suivant: en I#, avec le quadrivecteur de la relativité, nous en avons déjà parlé un peu. (note 2)

- Et pour quelle raison ?

- Parce que si tu vois cette différence passé/ futur comme une rupture de symétrie se produisant au passage de I# à IR, alors c'est au niveau supérieur I# que celle-ci peut être surmontée et c'est exactement pourquoi nous devons avoir IR<I#.

D'où cette évidence: je cherche depuis très longtemps à caractériser franchement le saut IR/I#, alors que je l'ai pratiquement sous le nez depuis le début:

I# est le niveau où s'exprime le théorème de Noether concernant le triptyque conservation/ symétrie/ incertitude,

celui où l'on définit les concepts de volume, de "norme" et en particulier celle de Minkovski, comme les principes de moindre action, de Ferma et Maupertuis...

Hari

Note 1: Au sujet de la mécanique quantique, voir les articles de ce blog: "Un peu de physique", je me suis arrêté aux pages du chapitre sur la mécanique quantique, et l'annexe dont je parle se trouve ici:

Avec, juste au-dessus, cette note sur "une interprétation originale de l'antimatière de Richard Feynman", dont je parle ici.

Note 2: Voir par exemple :

 

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