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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

Freud - L'interprétation des rêves - #4 ... et Jung ?

Nota : La signification et l'usage de mes glyphes, comme le schéma général de l'Imaginaire du Sujet, sont présentés ici: "Résumé"

([∃]𓁝⇅𓁜[⚤]𓁝⇅𓁜[#]𓁝⊥𓁜[♲]𓁝⇆𓁜[∅])𓂀 (♧)

Pour le schéma développé de l'imaginaire voir: "Mettre un peu d'ordre dans sa tête"

[#]𓂀          
  [∃] [⚤] [#] [♲] [∅]
  [∃] [⚤] [#] [♲] [∅]
  [∃] [⚤] [#] [♲] [∅]

- Je ne sais pas pourquoi, mais en pensant à ce voyage de Feud, Ferenczi et Jung en 1909 aux États Unis, cette illustration du trio Tintin, Haddock et Tournesol s'est imposée à moi.

- Il n'y a pourtant rien de commun : tous ont gardé un bon souvenir de cette expédition.

- Le calme avant la tempête.

- Et puis Freud n'est pas le professeur Tournesol.

- La seule chose qui le rendait fou était qu'on ne le prenne pas au sérieux, je crois que cela apparaît pour la première fois dans "Objectif Lune". (note 1)

Et l'on peut faire une belle métaphore en comparant le lancement de l'aventure psychanalytique à celle d'aller sur la Lune...

- Si tu revenais au sujet ?

- Au fil de mon écriture sur l'interprétation des rêves, j'en viens à cette représentation du cheminement du Sujet dans son Imaginaire pour passer de la production du rêve (à partir d'un désir), à sa manifestation (son souvenir à l'état de veille) et l'interprétation de sa signification (son contenu latent). 

[∃] [⚤] [#] [♲] 𓂀
 
[∃] [⚤] [#] [♲] 𓂀

où l'on retrouve des cycles d'hystérésis qui vont si bien à une question d'ordre énergétique (voir "Identité et équivalence de Mojita").

- D'accord, mais pourquoi Jung ?

- D'abord parce qu'en lisant "Impardonnable Ferenczi" d'Yves Lugrin; je reste un peu sur ma faim quant à la rupture entre Freud et celui qu'il présentait à l'époque comme son dauphin, au point d'en rendre Ferenczi un peu jaloux, en rapport avec la scène traumatique que l'on sait à Palerme l'année suivante.

Ensuite parce que j'ai en tête que cette activité psychologique est avant tout une façon économique, pour le cerveau, d'associer les souvenirs fraîchement acquis, à des schémas plus anciens, exactement de la même façon que dans l'art de la mémoire, on associe une connaissance à mémoriser à un élément déjà repéré dans un schéma familier, comme on décore et aménage sa maison. L'idée étant que si je range, consciemment, des chaussettes jaunes dans le second tiroir de la commode de la chambre à coucher, en repensant ultérieurement à ce tiroir, dont je peux retrouver l'emplacement à loisir, j'y retrouverai les chaussettes. (note 2)

Bien entendu, cette maison à aménager est le fruit de l'histoire du Sujet; mais son schéma général est-il strictement personnel, ou bien répond-il à des règles architecturales imposées ? Peut-on à loisir installer la cuisine ouvrant sur la chambre à coucher, ou bien est-elle nécessairement en relation avec la salle à manger?

- D'où l'idée d'archétypes ?

- Tu y es. Mais n'ayant jamais rien lu de Jung (et fort peu de Freud, il faut bien le reconnaître), je surfe sur le net pour trouver cet article : "Un problème épineux entre Jung et Freud : le rêve" de Marcel Scheidhauer.

- Intéressant, mais bien mince pour ce faire une idée, non ?

- Encore une fois, je ne suis pas ici pour m'inscrire dans le débat, mais juste pour vérifier que ma représentation ne loupe pas quelque chose d'essentiel, conceptualisé par Pierre, Paul ou Jacques. Si cette mise en perspective permet de rassembler ce qui est épars, c'est cadeau...

- Il y a déjà des méthodes différentes : l'association libre chez Freud, quand Jung veut "faire des mesures". D'ailleurs, le protocole de Jung me semble intéressant. En partant des concepts Freudiens de refoulement et de censure, "comment faire pour arriver du contenu manifeste au contenu latent du rêve"?

Voici la méthode que Jung propose :

«[...] je ne perdrai pas mon temps à le lui demander directement [...] Je tâcherai plutôt de faire ce que j'ai appelé l'expérience d'association qui me révélera toute son histoire... La conclusion sera facile à tirer et je pourrai lui soumettre l'idée du rêve sans hésitation" Rappelons — d'après R. Cahen — le principe de l'expérience : «... L'expérimentateur dispose d'une liste de mots, par exemple de cent mots et d'un chronomètre. Il avertit le sujet qu'il va prononcer un mot, le priant de répondre le plus vite possible, également par un mot, le premier qui se présente à son esprit. L'expérimentateur chronomètre en gros le nombre de cinquièmes de seconde écoulés entre le mot inducteur et le mot induit... note la répétition défectueuse donnée, une indication motrice quelconque, involontaire, fournie par le sujet à son insu, l'incompréhension du mot inducteur prononcé clairement, une réponse indistincte, des rapprochements de sens entre le mot inducteur et le mot induit etc. ». L'un des principaux «indices de complexes» dans l'expérience d'associations, c'est le retard de la réponse, l'allongement du temps de réaction. Jung recourt aussi à un autre procédé : « On choisit une partie spécialement frappante du rêve et on questionne le sujet sur les associations d'idées qui s'y rapportent. On l'invite à dire franchement tout ce qui lui vient à l'idée à propos de cette partie du rêve en éliminant autant que possible toute critique... Il faut donc que le sujet dise absolument tout ce qui lui passe par la tête sans appliquer du tout son attention ».

- Il y a là une intervention directe de l'analyste, nous sommes loin de la libre association de Freud.

- Est-ce si sûr ? Souviens-toi qu'à l'époque Feud donnait clairement son diagnostic à l'analysant, et que celui-ci était un "bon" ou un "mauvais" patient en fonction de son acceptation ou pas de la parole du maître (voir article #2):

"Comme il nous le signale dans les associations du rêve, il en est encore à ce moment à penser que, quand le sens inconscient du conflit fondamental de la névrose est découvert, on n’a qu’à le proposer au sujet, qui accepte ou n’accepte pas. S’il n’accepte pas, c’est sa faute, c’est un vilain, un méchant, un mauvais patient. Quand il est bon, il accepte, et tout va bien. Je ne force rien - il y a les bons et les mauvais patients." Lacan Séminaire II p.207

- Sauf que Freud interprète a posteriori, quand Jung intervient pendant le processus.

- Oui, parce que Jung 𓂀J est guidé par une idée philosophique transcendante: le Sujet et lui-même 𓁝 sont parties d'un seul tout (i.e.: (𓁝[♲])𓂀J, d'ailleurs sa thèse de jeune homme est dans cette veine ("De la psychologie et de la pathologie des phénomènes occultes" en 1902). Il peut donc le faire, puisque au fond, le médecin (le sujet sachant (𓁝[♲]𓁜)𓂀J) peut "normer" le patient (𓁝[♲]𓁜)𓂀J; ce qu'il fait effectivement en mesurant des délais de réponses à un questionnaire imposé par lui, faisant foi.

Freud 𓂀F en reste à une approche immanente, partant même de la logique du premier ordre (dixit Lacan), ([∃][⚤]𓁜)𓂀F d'où l'élaboration d'une méthode analytique.

- S'ils sont si différents, où est le point de dispute ?

- En écrivant "l'Homme Quantique", j'étais à l'époque orienté "thermodynamique", et j'avais été très frappé de l'ignorance de Freud en physique, ce qui fait qu'il n'avait aucune idée du lien entre son automatisme de répétition et les questions de stabilité et d'inertie ! (note 3)

Et bien là, il n'a aucun guide qui lui permette de passer d'une analyse d'individus à une catégorisation comme celle à laquelle arrive Jung ! Il n'arrive pas à conceptualiser le point de jonction entre une approche immanente (la sienne) et une autre transcendante (celle de Jung)... Spinoza for ever !

Et pourtant, il est bien forcé de faire une distinction entre une névrose et une psychose, non ? Or qu'est-ce que cette différence, sinon une différence entre deux modes de réponses à un trauma ? Le début d'un catalogue qui conduira au DSM-V.

- Mais cette différence n'a rien de téléologique !

- La question n'est pas là: il y a caractérisation# (de niveau [#]) et elle n'émerge pas d'une construction immanente chez Freud quand chez Jung, c'est une simple dégénérescence ([#]𓁝⊥𓁜[♲]⏩[#]𓁝⊥𓁜[♲]​​​​)𓂀J découlant de ce point de vue transcendant. Freud a de quoi s'énerver, non pas tant contre Jung que contre ses propres limites; sa survalorisation des travaux de Fliess étant un signe du manque qu'il ressentait alors (cf. Emma planquée derrière Irma).

D'ailleurs, Freud en viendra à récupérer quelques schémas mythiques, comme celui d'Oedipe, voire à en construire de toutes pièces comme la horde primitive dans "totem et tabou". Avoue que ça doit quand même le gratter quelque part non ?

Quand à Lacan et ses 4 discours, ils me renvoient à la typologie jungienne, ou à l'approche de Palo Alto assez directement.

- Tu cherches la bagarre ?

- Non, c'est juste pour capter ton attention et insister sur le fait que Freud a du mal à passer de l'analyse individuelle des Sujets à l'idée d'archétype, même si, dans les faits, il en utilise certains.

- Il faudrait creuser un peu plus pour avancer dans cette voie... Est-ce tout ce que tu tires de cette première approche ?

- Tu as raison de me recadrer, non, en fait ce qui m'intéressait dans cet article, c'est plutôt ce passage :

"Dans un « complexus à cœfficient émotionnel » il est toujours question de désir et de résistance. Freud dit que les désirs qui forment l'idée du rêve ne sont point des désirs qu'on s'avoue ouvertement mais des désirs refoulés pour leur caractère pénible. Autrement dit le rêve déguise le complexe refoulé et le mécanisme qui empêche l'idée refoulée de se montrer clairement. Freud appelle censure " Ce qui fait que le rêveur à qui nous voulons faire connaître l'idée opposera toujours la même résistance qu'il a lui-même envers son complexe refoulé." En conséquence : comment faire pour arriver du contenu manifeste au contenu latent du rêve?".

Cela tourne autour du mécanisme de censure que nous avons pu représenter dans notre schéma d'ensemble.

[∃] [⚤] [#] [♲] 𓂀
 
[∃] [⚤] [#] [♲] 𓂀

Pour mémoire :

  • Le désir "monte en rouge "; 
  • La "satisfaction" se "représente" dans le rêve, à défaut de l'incarner jusqu'au Réel, et "descend en bleu ";
  • L'attente du Sujet s'exprime en (𓁝[♲])𓂀;
  • La réponse, dans le rêve, part de ([♲]𓁜)𓂀;
  • Il y a décalage entre la loi "indicible" en [♲] / "dicible" en [♲];

La distinction dicible/ indicible, tient au mode de penser 𓂀; qui formellement, sans conscience du temps, ne peut passer par le langage rationnel en [∃][⚤]𓂀.

À ce schéma qui vaut pour tous, peut s'ajouter une censure ou un "biais", venant soit de la culture soit de l'histoire personnelle du Sujet.

- Tu retombes sur le culturalisme combattu par Lacan.

- Nous en avons déjà discuté (article #3). Toujours est-il que je situe a priori (en attente de confirmation, après une étude attentive des textes) une différence de sensibilité entre Freud et Jung à ce niveau :

  • Freud plus attentif à l'histoire de l'individu, et
  • Jung plus sensible à sa culture, ce qui mène à l'importance des "archétypes" dans sa pensée. Sans parler de Jung, souviens-toi de ton intérêt pour :
    • L'approche de Dumézil et les mythes trinitaires dans la pensée indo-européenne, et bien sûr,
    • La forme canonique des mythes de Lévi-Strauss;
    • Quand à Lacan, pour qui le Sujet est porté par "Lalangue", comment zapper cet aspect culturel ? 

On pourrait ajouter qu'en deçà de la culture et du langage, nous retrouvons chez les animaux des "caractères", et des "comportements" différents d'un individu à l'autre quand à sa façon de traiter l'information, son positionnement social voire son interprétation de la loi du groupe, avec ruse et mensonge... Et éventuellement des traumas psychiques pour les plus proches de nous... (voir Frans de Waal ou Henri Laborit).

- Pourquoi cet étalage ?

- Pour ramener Freud dans une histoire de la pensée, et si possible dans le champ scientifique, avec thèse/ expérience/ erreur/ correction etc. , en arrêtant de le voir en gourou,

- N'est-ce pas ainsi qu'il a procédé, en revenant quand il le fallait sur ses concepts ?

- Je ne pensais pas tant à Freud qu'à ses épigones, exégètes et autres thurifères ...

- Si tu revenais au sujet ?

- Excuse-moi, il commence à faire beau et j'ai du mal à me concentrer. Je te propose d'y revenir demain.


Le 26/08/2021 :

- En fait, la question tourne autour des termes de désir, résistance, censure et complexe refoulé correspondant à une activité psychique, qui doivent correspondre à certains "mouvements" psychiques du Sujet dans son propre Imaginaire. Je te propose d'abandonner pour un temps nos compères, pour nous concentrer sur ce que nous pouvons tirer de notre schéma, autrement dit,  ramollir la coque de noix pour qu'elle s'ouvre d'elle-même au lieu de taper dessus à coups de marteau.

Dans le dernier article, j'étais arrivé à la conclusion que lorsque le Sujet change de mode de représentation en [⚤] de cette façon [⚤][⚤], ce mouvement s'accompagne d'un changement de posture  (𓁝[⚤]𓁜𓁝[⚤]𓁜)𓂀 ; le point d'arrivée étant le même que lors d'une régression sur le mode ♧, à partir du niveau [#]:
([⚤]𓁝𓁜[#]⏩𓁝[⚤]𓁜[#]⏩𓁝[⚤]𓁜)𓂀, le dernier mouvement de rotation autour de [⚤] signifiant le passage d'une approche purement logique, à une appréhension locale, topologique en termes de groupes de symétrie, ce que l'on peut tenter de visualiser ainsi :

[⚤]𓁜 [#] 𓂀
   
𓁝[⚤]𓁜 [#] 𓂀

Ensuite, pour "parler" de cette posture en 𓁝[⚤], il faut que le Sujet revienne en [⚤]𓁜. Tu vois tout de suite que le point de départ (indicible en [⚤]𓁜) ne colle pas avec ce qu'il peut en dire en [⚤]𓁜.

Imagine que tout ceci puisse se formuler dans un langage élémentaire, comme celui de la théorie des catégories, prend le juste comme une métaphore. Nous avons vu qu'en [⚤] nous pouvons conceptualiser un objet très utile pour définir la "logique" du mode de pensée et qu'il diffère selon que tu te situes dans la catégorie de "graphes (en ♢) ou celle des Ensembles (en ♧): l'objet discriminant.

Pour mémoire (voir : "Retour de Cerisy") 

  • En ♢ / catégorie des Graphes :
    • objet discriminant Ω
    • objet final •⟲
  • En ♧ / catégorie des Ensembles : 
    • objet discriminant {{*};{ }}
    • objet final (*)

Le passage  Ω {{*};{ }} ayant reçu le très joli nom de "foncteur d'oubli"(voir "Foncteur et transformation naturelle") :

Lawvere - Conceptual mathematics p. 341

Nom tout à fait approprié, puisque dans ce passage, on "oublie" tout ce qui se rapporte à la flèche primitive → de l'objet final •⟲, pour ne garder que ce qui concerne l'objet final (*), (i.e.: qui est le domaine/ codomaine • de •⟲).

Or donc, nous pouvons garder, métaphoriquement, cette idée que la descente ♧ s'accompagne nécessairement d'un "oubli" des liens que le cerveau a pu tisser en , entre des "objets" qu'il laisse dans le contenu manifeste du rêve.

Chose importante : ces objets ne sont pas donnés [⚤]𓁜, tels des désignations de référés Réels, objets d'un discours rationnel [∃][⚤]𓁜, mais comme éléments de symétrie 𓁝[⚤] d'objets qu'il faut situer dans un espace 𓁝[⚤][#], répondant à certaines régularités, ou lois 𓁝[⚤][#][♲], dans un désir tiré par le Symbolique 𓁝[⚤][#][♲].  

- OK, tu tiens ton contenu manifeste, et ensuite ?

- La suite est affaire de topologie algébrique, pour rester dans notre métaphore. Si tu considères ces objets, donnés en  𓁝[⚤], comme une "base" ou groupe de symétrie d'un espace topologique en [#]𓁜, il leur correspond un ensemble de termes "idempotents" au regard des symétries qu'ils respectent.

Par ailleurs, tu peux voir ce niveau [⚤] comme un carrefour entre

  • les constructions psychologiques, destinées à répondre au désir du Sujet, et
  • des sensations somatiques qui lui parviendraient durant le sommeil, dans la posure [⚤]𓁜, qu'il s'agirait alors d'intégrer à ce qui est élaboré en 𓁝[⚤], pour s'exprimer enfin en [⚤]𓁜:
    (𓁝[⚤]𓁜𓁝[⚤]𓁜⏩𓁝[⚤]𓁜)𓂀.

- J'ai l'impression qu'il serait plus facile de rendre compte de tout ceci avec un film d'animation ! Mais à quoi fais-tu référence?

- Je repense au rêve, rapporté par Freud, du père réveillé par un feu survenu dans la chambre mortuaire de son fils alors qu'il rêvait "père ne vois-tu pas que je brûle", sur lequel j'avais déjà fait un article en juin 2014. Nous pouvons à présent le reprendre de la façon suivante : la prise de conscience, ou en l'occurrence le réveil du père, se produit dans la rencontre d'un percept [⚤]𓁜 et d'un concept, dont nous avons maintenant le point d'aboutissement en 𓁝[⚤], ce qui est parfaitement en ligne avec l'approche neurologique de J. P. Changeux.

Pour être encore plus explicite :

  • 𓁝[⚤]𓁜 : ça sent le brûlé ;
  • 𓁝[⚤] : brûlé : je n'ai pas bien aimé mon fils/ le chandelier tombe / ça brûle, tous ces référés en [#] sont "idempotents";
  • [⚤]𓁜 : parmi ces potentialités, "ça sent effectivement le brûlé" est identifié, et le père se réveille. 

- Mais le rêve de la chute de la chandelle ne survient-il pas après que le père sente cette odeur de brûlé ?

- Tête de mule : combien de fois faudra-t-il répéter que les élaborations autres qu'en position [∃][⚤]𓁜 ne sont pas de l'ordre de la succession?

À partir de ce schéma élémentaire autour de [⚤]𓁜↓𓁝[⚤]j'avance l'hypothèse que la même configuration doit se retrouver en  [#]𓁜↓𓁝[#] comme en  [♲]𓁜↓𓁝[♲]. Ce n'est qu'une piste à suivre pour l'instant, mais je la pense prometteuse, parce qu'elle repose sur un principe d'économie : c'est la répétition d'un schéma déjà acquis par le cerveau.

- Mais qu'espères-tu trouver ?

- Prends par exemple le complexe d'Oedipe. Il y a un interdit culturel que l'on peut traduire ainsi, en termes d'appartenance : par rapport à "la mère", pensée en 𓁝[⚤], le fils et le mari ne sont pas dans les mêmes "faisceaux" pointant sur elle : le faisceau "fils" est orthogonal au faisceau "mari" : fils⊥mari.

Et cette structuration tient à une loi contre l'inceste éditée en [♲], qui dégénère ainsi :

  • En 𓁝[#]𓁜 : fils⊥mari ;
  • En 𓁝[⚤]𓁜 : il est interdit au fils d'être le mari de sa mère.
  • En [∃][⚤]𓁜 : identification du Sujet : Je suis le fils / Je ne suis pas le mari de ma mère.

J'attire ton attention sur le fait que nous sommes ici en ♧.

À partir de là, et en me laissant guider par le concept de "carré commutatif" qui nous vient de la théorie des catégories, la construction psychique devrait se stabiliser de façon à "trouver un carré commutatif" de cette sorte :

[⚤]𓁜 [#]𓁜 𓂀
 
𓁝[⚤] 𓁝[#] 𓂀

Autrement dit, ce qui s'élabore ainsi :

[⚤]𓁜 [#]𓁜 𓂀
   
𓁝[⚤] [#] 𓂀

devrait être identique à ce que l'on retrouve ici :

[⚤]𓁜 [#]𓁜 𓂀
   
𓁝[⚤] 𓁝[#] 𓂀

La question devrait se traiter en termes de "stabilité" : parmi toutes les constructions psychiques potentielles du cerveau, seules se fixeraient celles qui respectent ce carré. La stabilité tenant à la possibilité d'arriver au même contenu manifeste, en 𓁝[⚤], par des voies différentes. Le contenu latent, n'était, quant à lui qu'une interprétation [⚤]𓁜 de mode ♧.

- Je pense que tu as encore beaucoup de travail à faire pour rendre tout ceci exploitable, et réfutable, sinon testé !

- Oui, mais j'ai au moins une feuille de route.

- En ce qui concerne le niveau de la "loi" [♲] ?

- Bis repetita placent, 

[#]𓁜 [♲]𓁜 𓂀
 
𓁝[#] 𓁝[♲] 𓂀

Mais je pense avoir assez laché mon Imagination pour aujourd'hui...

- Et si, pour souffler un peu, tu revenais à ces concepts de censure et de refoulé?

 - Tout ce que nous venons de voir s'appliquerait (sous réserve de vérifications, bien entendu), à l'élaboration "normale" du contenu manifeste du rêve et il faudrait peut-être mieux nous faire les dents sur les cas "normaux" d'association d'idées et d'oublis, comme ceux relevés par Freud, dans "Psychopathologie de la vie quotidienne" sans doute. J'ai en tête le cas de "Signorelli", qu'il faudrait revisiter, l'idée de "déplacement" en particulier...

Mais soit, restons-en à ce «complexus à cœfficient émotionnel» qui préoccupe Jung.

Je peux faire l'hypophèse que si le désir cherche sa voie la plus rapide de cette façon: 

[∃] [⚤] [#] [♲] 𓂀
       
[∃] [⚤] [#] [♲] 𓂀

Sa satisfaction la plus immédiate, la plus "sauvage", serait de cet ordre :

[∃] [⚤] [#] [♲] 𓂀
       
[∃] [⚤] [#] [♲] 𓂀

à savoir : la décharge  (ou jouissance) s'effectuant au plus près du Réel. Les autres voies étant plus délétères, ou "maîtrisées", ou encore impliquant moins d'énergie libidinale (eq. cinétique), mais plus d'énergie pulsionnelle (eq. potentielle) (voir "l'Homme Quantique"). (note 4)

[∃] [⚤] [#] [♲] 𓂀
     
[∃] [⚤] [#] [♲] 𓂀

- En gros le "carré" ne commute pas.

- Effectivement, je n'arrive pas à boucler :

[⚤]𓁜 [#] 𓂀
 
𓁝[⚤]𓁜 [#] 𓂀

Le plus simple est alors pour Oedipe d'oublier qui est Jocaste, d'être aveugle, ce qui chamboule tout son espace de définition en [#].

À partir de là, il faudrait aller vraiment dans le détail pour retrouver les termes psychanalytiques utilisés tantôt par Jung, tantôt par Freud, mais là, franchement, je pense qu'il est temps de profiter du soleil.

En attendant la suite.

Hari.

Note 1 :

J'ai reçu ce commentaire sur mon dernier article, que je faisais circuler sur les réseaux avec ce chapeau "Suite et fin de mon survol de ce livre inaugural !" :

Oui c'est du survol, il devait y avoir beaucoup de brouillard. Vous faites de la Montgolfière : Quel chance vous avez !

Par ailleurs, hier, je suis tombé sur cette photo du Leduc 021, que j'ai trouvé très belle, dans les archives de mon père :

Une chaîne: montgolfière, avion, fusée qui me renvoie à mes fantasmes les plus anciens.

J'ai encore ce rêve d'enfant : je volais dans les airs sur mon cyclorameur rouge:

Sans oublier un trauma si profond qu'il m'a détourné de la physique pendant longtemps : je n'irai jamais dans les étoiles à cause de la vitesse limite de la lumière... Et m'a fait tant rêver en lisant les bouquins du Rayon Fantastique qui traînaient dans le bureau de mon père, en particulier "Fondation", avec cette image de fusée stylisée dans la tête:

Comme tu le vois, pas si difficile de faire des associations libres...

- ... et de bonnes moeurs, bien sûr !  Mais dis-moi, Tournesol en pétard, c'est Freud ou c'est toi ? 😊

Note 2 :

Au sujet des mécanismes de mémorisation, voir cet article déjà ancien : "La mémoire quantique", avec une note sur cette expérience d'acquisition d'un souvenir, après une seule association d'idées in "Neurosciences". Ce qui n'empêche pas, bien entendu, de renforcer le souvenir par la répétition, bien connue des enseignants, et automatisme si cher à Freud.

Note 3 :

Je pointais en particulier sa conception proprement aristotélicienne de l'inertie; selon laquelle il faut une "force continue " pour mettre en mouvement un corps faute de quoi il s'arrête. D'où son étonnement en constatant la persistance du trauma chez des soldats ayant échappé à la mort, quand la cause du trauma a disparue, et l'idée d'une "pulsion de mort" pour expliquer la persistance du trauma, et la répétition des cauchemars des traumatisés. 

« Ce qui frappe Freud dans les traumatismes de guerre est d’abord la persistance des symptômes ; nous y avons vu à l’œuvre un principe d’inertie. Mais que dire de cette souffrance qui s’installe et même s’accroît avec le temps ? Je propose l’analogie suivante : considérons un paysage au relief primitif assez complexe, avec des montagnes et des plaines très contrastées ; puis laissons agir l’érosion quelques millions d’années. Le relief moyen de l’ensemble va se niveler. Les montagnes s’érodent, les plaines se chargent d’alluvions et autres débris venant des montagnes. Nous voyons à l’œuvre notre principe entropique. Maintenant, considérons un cours d’eau partant d’un sommet pour aller vers la mer ; notre principe entropique est toujours en action, et le cours d’eau va avoir tendance à suivre la ligne de moindre pente. Il va même creuser la montagne par endroits et dépenser localement de l’énergie pour poursuivre sa course à la mer. Plus le temps passera, plus l’empreinte du cours d’eau sera profonde dans une montagne où l’on s’étonnera de voir couler un petit ru bien innocent, perdu au fond de la vallée qu’il a creusée et nous nous étonnons de la taille de cette vallée au regard de l’insignifiance de sa cause[…] » Extrait de: Alain Simon. « L'Homme Quantique - Essai sur les fondements d'une entropologie. » Apple Books.

J'y reviens avec l'apologue de la fourmi de Joël de Rosnay (voir la note 3 de "L'interprétation des rêves #3").

Note 4 :

- En introduisant une différence de chemin, jouant avec la différence libido/ pulsion, tu as bien conscience que notre cycle d'hystérésis commence à ressembler à un cycle thermodynamique, non ?

- Il vaut mieux y travailler encore avant d'en parler ! 😉

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