Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
12 Novembre 2017
Je me réveille ce matin avec cette phrase une peu malsonnante (j’en conviens) en tête.
- De quel mythe s’agit-il ?
- De Moi bien sûr.
Tout d’abord, nous avons vu dans le chapitre 4, que l’on pouvait inscrire notre Imaginaire tout entier dans {0 ; 1}. Mais nous l’avions déjà présenté soit comme un "point de Banach", soit comme le trou résultat d’une rétraction, comme le trou dans une peau de tambour que l’on voudrait ramener à son périmètre (théorème de Brouwer). Par ailleurs, en me projetant un peu en avant, dans ce que je n’ai pas encore analysé pleinement, on peut le voir comme un monoïde, c’est-à-dire une Catégorie pourvue d’un seul élément (Moi), se définissant par ses relations avec lui-même.
Bref, le Moi peut se décrire par un discours ce référent en final à son existence ou son inexistence, entre un ∃ et un { } très shakespeariens, tout en gardant à l’esprit que ceci n’est qu’une image, ce qui nous renvoie au paradoxe de Russel (décidément ces Anglais sont partout) !
- Et alors ?
- Ne vois-tu pas que ce langage des Catégories, le plus élémentaire qui soit, me renvoie du "Moi" censé le décrire, une multitude d’images ambivalentes, dans lesquelles je me représente comme un tout ou un néant ? Or, si tu t’en souviens c’est bien là le propre d’un symbole que d’apparaître dans une série de mythes sous des habits différents, tantôt présent, tantôt absent, tantôt arbre plein tantôt pirogue creuse, sujet tantôt soufflant dans une sarbacane, tantôt expulsé de la sarbacane… C’est dire que le référent de ces différentes représentations du Sujet, sous forme de ces "Moi" auxquels je bute à chaque détour du langage, se situe au niveau Symbolique.
- Mais ceci, nous le savions déjà. Tu as même utilisé la forme canonique pour présenter ce "Moi" comme un effet de décohérence du "Sujet & Autre" de Lacan, qui en est le référé Symbolique ultime.
- Eh bien disons que ce matin, je l’ai retrouvé dans le fait de me heurter partout, dans la théorie des Catégories à ce "Moi" dont l’image se diffracte à chaque niveau du langage.
Cependant, mes réflexions sur la théorie des Catégories m’ont fait prendre conscience d’une chose : c’est que le concept de vide est purement Imaginaire, il vient là pour expliquer a posteriori l’existence de l’1 (voir chapitre 4) alors que j’aurais jusqu’ici présenté ma méditation comme d’inspiration bouddhiste, mettant la recherche de la vacuité du "Moi" comme le but de ma quête. Tu vois le problème : ce vide lui-même n’est qu’une image.
- Alors suggères-tu de repasser à la quête de l’Un, d’un Dieu et rebasculer de l’Orient à l’Occident ?
- Non, car cet Un, comme nous l’avons vu n’est que la réification d’un mouvement, d’un effort pour se différencier du Réel, il est donc lui aussi Imaginaire. Le { } nous rattache au Symbolique comme le ∃ plus primitif, nous renvoie au Réel.
- L’idée serait donc de retrouver cette pulsion essentiellement diachronique par lequel le Sujet vient à exister ? Tu nous ramènes à Descartes ?
- Tout du moins à la pulsion qui le pousse à chercher. Et quoi de mieux qu’un non-dit pour la représenter ? Cette pulsion c’est la tension provoquée par "m’habite", car en bon Français que tu es tu ne peux t’empêcher de penser "ma bite" lorsque j’écris "m’habite". Eh bien la tension en question, c’est le gap diachronique qui te fait passer d’un niveau de discours à l’autre. Et cette "bite" non explicite, c’est ce phallus dont nous parle Freud qui passe de main en main, si je puis dire, dans les transactions humaines, ou la vertu/ virilité Romaine, le jaillissement de la vie en nous qui nous pousse à exister, pour en revenir à la "causa sui" Spinoziste.
Je n’ai pas mieux pour l’instant. Bonne médiation à toi mon ami.
Hari
PS : suite à un commentaire reçu sur FB :
Le conatus est mieux adapté que le phallus qui est surtout un "objet" (synchronique) de transfert, venant donc après... Je me suis laissé aller en passant un peu vite de la vertu / virilité au phallus par l'association vit <=> phallus... Question au Spinozistes : peut-on dire que ce "conatus" est en soi la "casa sui" ? Ou bien est-ce un ajout à la pensée de Spinoza ? je suis preneur de tout commentaire ...