Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
26 Juin 2017
Temps de latence, écriture en stand-by, bloqué dans le passage qui doit me porter des concepts de temps et d’espace à ceux de masse et concepts associés. Dans le même temps, je lis une présentation de la textique, en prévision d’une escapade à Cerisy début août. Les principes m’en semblent assez simples, et j’en rends facilement compte à l’aide de mon approche « entropologique », mais le côté ampoulé, un brin "Diafoirus" du discours me gêne : en particulier à cause de l’empilage de néologismes, qui tentent de figer l’analyse du texte, comme un entomologiste épingle des papillons sur des bouchons pour les donner à voir. Il y aurait un grand nettoyage à entreprendre pour dépoussiérer tout ceci.
Et cet embarras dans l’expression des concepts de la textique, me ramène à la difficulté qu’il y a à définir le temps.
Lorsque je ramène la différence espace / temps à celle, Saussurienne, de synchronie / diachronie, j’ai tout dit, en ne disant rien, finalement : je plaque moi aussi des mots sur des mots. Et le principal n’est pas là, bien sûr !
Non, ce qui importe, au fond, c’est l’impossibilité stricte d’exprimer un concept diachronique. Reprenons ce que j’ai déjà écrit, dans le chapitre III sur le temps, ou plus primitivement dans le chapitre II sur la méthode elle-même, lorsque je prends l’exemple d’un discours diachronique concernant l’évolution de la langue française depuis l’époque où elle distinguait les cas (cas sujet et régime) et le français moderne. Ce discours est, par son objet (l’analyse d’une évolution entre deux époques déterminées) un discours diachronique, mais son expression ne peut qu’emprunter les mots et les concepts à ma disposition ici et maintenant.
Nous avons bien évidemment Ik < Ik+1 < Im.
J’ai bien indiqué que mon discours diachronique entre les deux niveaux Ik et Ik+1 ne peut se faire qu’au niveau Ik+1 ; mais je n’ai peut-être pas suffisamment insisté sur ce constat.
Pour tout dire, je fais peut-être un abus de langage en parlant de « concept diachronique » car, de facto, je ne peux que m'y référer à un niveau synchronique supérieur. Le rapprochement qui me vient à l’esprit, c’est avec ce qu’en science ou appelle un « observable », ou en mathématique une « projection ».
En retournant le discours, ce sont alors ces concepts plus évolués, dans les domaines de la physique ou des mathématiques, qui seraient les lointains échos d’une incapacité fondamentale de notre langage à exprimer le mouvement.
La distinction élémentaire synchronie / diachronie masquerait le constat fondamental suivant : le langage porte à faux dès lors qu’il cherche à décrire un mouvement, et le terme « diachronie » est un effort pour surmonter une aporie du discours.
Vous voyez que nous avons ici tous les ingrédients pour exprimer l’émergence de la différence synchronie / diachronie comme le résultat d’un processus mythique.
Faisons l’exercice.
Première inversion : impossibilité de parler du temps au niveau Imaginaire Ik
Seconde inversion : cette impossibilité pour le temps d’être « l’objet » d'un discours en Ik (c.-à-d. un "concept synchronique") est en soit la « fonction » (c.-à-d. un "processus diachronique"), qui fonde le concept de temps (i.e.: l'idée d'une succession : une cause diachronique, suivie d'un effet synchronique; c'est à dire une émergence). De fait : je ne peux en parler, en position ex post, qu’en Ik+1 comme résultant de cette fonction (porté par une pulsion, une intentionnalité)…
Il y a dans ceci une mise en abîme, qui ne vous aura pas échappé : la distinction objet / fonction qui fonde celle de synchronie / diachronie, résulte de cette dernière. C’est dire que nous tournons en rond : automatisme de répétition marquant notre incapacité à aller en amont de cette émergence.
Vous voyez pourquoi je tiens tant à parler de « L’Homme quantique », n’est-ce pas ?
Est-ce plus évident pour vous maintenant ?
Bonne méditation
Hari