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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

Sur les épaules de Descartes

Aujourd'hui, j'ai traversé la France de Saintes à Belfort, c'est dire si j'ai eu le temps de méditer en cours de route ! Ce matin tout d'abord, j'écoute Laurent Thirouin sur  "Les chemins de la philosophie", parler d'un Pascal "jubilatoire", et cela me ramène à mon billet de la veille portant sur le rire... Quand je vous dis qu'il n'y a pas de coïncidences...

J'eus un premier train de pensées qui me menèrent de Pascal jubilant, à la joie dont parle Spinoza et quelques autres, en me disant que mes modestes réflexions demanderaient bien des développements pour passer d'un simple rire, à la jubilation...

Mais j'achoppais vite sur le titre de l'une des oeuvres de l'invité du jour rappelé par Adèle Van Reeth : "Pascal ou le défaut de la méthode"; et une idée en entraînant une autre, ceci me remit à l'esprit une pensée qui flottait alentour: je m'étais donné bien du mal, en rédigeant le chapitre 2 de mon livre en préparation, pour démonter un à un les principes de la méthode Cartésienne, en contrepoint de l'exposé des principes de ce que j'appelle "entropologie", alors que la théorie des catégories m'en offrait une critique aussi immédiate que radicale, ce qui en fait toute l'élégance.

- Mais tu mélanges tout, c'est bien la preuve que lorsque tu conduis tu es complètement en roue libre...

- L'esprit flottant, sans doute, mais c'est justement ainsi que les choses se dénouent. En l'occurence, j'avais présenté ma méthode comme une critique de l'approche cartésienne, en démembrant l'articulation logique du discours de ce géant.

- N'est-ce pas ainsi que l'on avance, en réfutant les arguments pied à pied ?

- Oui, si tu acceptes le combat, mais tu peux très bien couper cours en récusant le tribunal. C'est ce que M° Vergès appelait une stratégie de rupture.

- Est-ce que ce ton guerrier sied à la cause ?

- Peut-être pas le ton, que j'emploie comme un effet de manche, mais la réfutation que l'on peut apporter à Descartes, à partir des développements mathématiques actuels, est si radicale, qu'elle introduit un changement de paradigme.

- Encore un de tes débordements lyriques ?

- Tu vas en juger sur pièce. Quel est le point de départ de Descartes ?

- "Je pense donc je suis" ou quelque chose d'approchant.

- Et donc, il part d'un constat pour se trouver lui, comme s'il identifiait un "objet premier" source de tous ses développements ultérieurs.

- Oui, c'est le sens de sa méditation : il ramène toutes ses expériences à ce point focal que serait son ego.

- Autrement dit, un "objet particulier", dont il prend conscience de l'existence, serait source de tout développement, c'est bien ça ?

- Oui, c'est la base de son relativisme.

- Et si tu reprenais ce discours avec les mots de la théorie des catégories, ne vois-tu pas le défaut de la cuirasse?

- Je sèche.

- Ne vois-tu pas qu'il affirme l'existence d'un "objet initial" auquel l'amène sa pensée ultime, celle qui subsiste après l'avoir dépouillée de tout. Cet objet dont il affirme l'existence, il le nomme, et nous le donne à contempler, n'est-ce pas ?

- Eh bien oui, c'est sa grande trouvaille : il a la certitude d'exister, et à partir de ce point de départ, l'ensemble de ses pensées comme de ses expériences va s'organiser par un enchaînements de causes et d'effets.

- D'accord, mais dans la théorie des catégories, la source de tout, l'objet initial, le videéchappe à cette méthode déductive. Or Descartes utilise pour en parler, un langage réservé à l'objet final, le singleton dont on peut juger de l'existence.

Pour passer de l'objet initial (en I0) à l'objet final (en I1), tu dois passer d'une pensée topologique, dans laquelle, sans pouvoir saisir l'objet initial, tu en connotes la présence à l'aide de cribles, pour ensuite, arrivé en I01 (avec I1 < I01 < I0), pouvoir désigner, juger, dénoter l'objet final, en le rapportant à son objet classifiant (i.e.: l'ensemble de ses parties) situé en I01.

- Mais tu mélanges maths et philo !

- Je suis désolé, mais si la théorie des catégories permet de reconstruire le langage mathématique et si ce dernier est le langage permettant au mieux de décrire mes plus élémentaires rapports à la nature que sont les théories physiques, alors, la démarche cartésienne est purement et simplement invalidée par la pratique actuelle  de la physique...

Et si tu mets cul par dessus tête les fondements de toute "ontologie", et bien cela t'évite de perdre ton temps à commenter toute une branche de la philosophie qui ne mène à rien.

- Et ça te fait rire ?

- Oui ! J'avoue que manier le rasoir d'Okham a toujours sur moi un effet jubilatoire !

Bonne méditation à tous !

Hari

 

PS du 28/09/2018:

Pour prolonger ce billet, je vous suggère de lire "l'élégance du vide", où j'indique que la représentation du Sujet, en Im est précisément du même niveau Imaginaire que la représentation du vide.

Ce qui mêne au rêve de papillon de Chouang Tzu, bien entendu.

Mais si vous vous intéresser au passage de l'idée d'objet à celle de vide, alors il vous faut passer par la forme canonique des mythes (voir "les matheux n'aiment pas les objets"), ce qui, bien évidemment permet de comprendre que cette fameuse nuit où il eût cette révélation de l'ego, Descartes vécut proprement une expérience initiatique ! C'est-à-dire, au risque d'être un peu lourd : le passage d'un état ex ante à ex post, accompagné d'une jouissance... Nous en reparlions pas plus tard qu'avant-hier dans "le rire est le propre de l'Homme".

S'il faut en revenir au sentiment de soi, sans doute faut-il le considérer comme un mythe (voir"le mythe m'habite").

Et si cette approche toute mathématique de l'être vous défrise, alors, je vous en laisse quelques autres dans "métaphores mathématiques du moi", histoire d'enfoncer ce clou chinois dans votre tête !

PS du 30/09/2018:

Le clou chinois en question, c'est le Tao Te King dont nous discutions ici, il y a déjà 10 ans : 

"Trente rais se réunissent autour du moyeu.
C'est de son vide que dépend l'usage du char.
On pétrit de la terre glaise pour faire des vases.
C'est de son vide que dépend l'usage des vases.
On perce des portes et des fenêtres pour faire une maison.
C'est de leur vide que dépend l'usage de la maison.
C'est pourquoi l'utilité vient d l'être, l'usage naît du non-être."

Le vide est ici remis au centre des choses qui le cernent et auxquelles il donne sens !

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