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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

Mathématiques et aspect quantique des processus psychiques

- Encore un titre bien pompeux et un rien racoleur !

- Sans doute, mais ce que nous mettons à plat depuis cet été sur ce blog, a des implications sur notre façon de comprendre de quelle façon certains troubles mentaux, liés à des dysfonctionnements au cours de notre développement, ne peuvent prendre que certaines voies pour s'exprimer.

- C'est un peu alambiqué comme introduction, peux-tu être plus clair ?

- Lors de son développement, le bébé explore diverses voies pour, par exemple, se déplacer. Certains roulent sur eux-mêmes, d'autres avancent en sautillant sur leurs fesses, d'autres encore découvrent assez vite que marcher à 4 pattes est plus efficace.

- Oui, et alors ?

- Et bien ces modes de déplacements obéissent à certaines règles. La plus fondamentale est que le bébé ne peut qu'utiliser la mécanique biologique à sa disposition. Il faut, par exemple, qu'il puisse se redresser ou commander des membres assez robustes pour l'effort demandé. Par ailleurs, lorsque le bébé a trouvé un mode de déplacement satisfaisant, il s'y tient, jusqu'à ce qu'il en découvre un autre plus efficace ou plus efficient.

J'ai encore le souvenir de ma fille E. qui se déplaçait en roulant sur le côté. Elle avait développé à ce jeu une certaine habileté, et pouvait atteindre à peu près tous les endroits du salon à sa portée. Eh bien, c'est en la bloquant contre moi et l'aidant, que je lui ai montré que marcher à 4 pattes était plus efficace. Ça n'a pris qu'un instant pour qu'elle passe d'un mode de fonctionnement à l'autre.

- Soit, notre développement se fait par étapes, la belle découverte ! Tout ceci est bien connu depuis les travaux de Piaget, entre autres.

- Oui, dans les étapes élémentaires du développement, mais nous venons de voir, à un stade relativement élevé de la pensée, dite rationnelle, une évolution de la logique vers la topologie. Évolution que j'ai détaillée, dans le dernier billet "Évariste Galois derrière le miroir".

- Soit, mais tu parlais de maths, quel lien avec les processus psychiques ?

- Le problème tient à ce que nous parlons des processus psychiques dans un langage ex post, par rapport à ce que nous décrivons, un stade de langage qui n'est peut-être pas accessible au Sujet en observation.

- Peux-tu donner un exemple, car je ne vois pas où tu veux en venir.

- Prenons une pathologie délicate comme l'autisme par exemple. Je n'ai aucune connaissance ni compétence particulière pour aborder un tel sujet, cependant, ce que nous avons vu du développement de notre Imaginaire, me permet d'avancer quelques réflexions sur le sujet.

- C'est idiot: comment pourrais-tu parler d'un mécanisme qui t'échappe?

- Parce que notre approche offre un paradigme qui permettrait à un chercheur de diriger ses recherches.

- C'est un rien ambitieux, mais par curiosité, quel serait ce cadre de recherches?

- Le coeur de l'hypothèse, c'est qu'il n'y a aucun niveau Imaginaire intermédiaire entre I1 et I01, ni entre I01 et IR. Il en découle les conséquences que nous avons vu quant à la représentation du Moi du Sujet.

- Oui et alors ?

- La conséquence immédiate, et vérifiable de ce que j'avance, c'est que si le Sujet est incapable d'atteindre le niveau Im = IR, alors, sa pensée ne peut pas dépasser le stade de la "rationalité logique". Or, c'est précisément ce qui arrive à l'autiste: incapable de relativiser sa position par rapport à l'Autre, ni de "se mettre à sa place", ou de comprendre la subtilité des conventions sociales, il reste coincé dans une pure pensée logique ce qui, pour nous, confine à la folie.

- Mais tu n'as rien expliqué des causes de l'autisme.

- Non, mais j'explique pourquoi son expression est limitée à la logique pure, l'automatisme de répétition renforçant la compétence en ce domaine.

- Autre chose ?

- Eh bien oui, lors du renversement de perspective logique/ topologique, le référent ultime du Sujet passe de R< I1, à I0< S, autrement dit, de la certitude rassurante de saisir des objets, à l'inquiétude de ne pas pouvoir se "comprendre", dans le regard de l'Autre, voire à n'être rien. Il peut très bien y avoir un refus de cette perspective, une angoisse proprement existentielle, conduisant à toute une série de pathologies.

- C'est toute une remise en perspective de la psychanalyse à laquelle tu invites! Vaste programme.

- Il y a plus. On peut franchir le pas, tout en refusant de lâcher prise dans notre rapport au Symbolique.

- Ce n'est pas très clair, peux-tu préciser?

- Dans la position ex ante, face à notre système Symbolique personnel, à ce qui nous transcende en nous définissant, que ce soit Dieu, l'Autre, le nom du père ou tout ce que tu voudras, il y a un "lâcher prise" qui est proprement un oubli de soi dans ce que Lacan appelle une "aspiration unitaire".

Aspiration commune à tous les mystiques, au-delà des particularismes de leurs cultures, qui fait qu'un "saint" chrétien, se reconnaîtra chez le soufi ou le bodhisattva sans problème, parce que chacun d'eux est conscient de n'être rien. C'est le sens de ce que nous avons vu dans "l'élégance du vide", et qui est proprement la situation où Im = I0 < S.

- Si tu vas dans cette direction, tu vas faire bâiller tous nos lecteurs férus de rationalité !

- Telle n'est certainement pas mon intention, car je veux leur montrer par quel stratagème le Sujet peut fuir sa propre vacuité tout en "nourrissant" cette "aspiration unitaire" qui est proprement notre pulsion vitale, en régressant d'une position  Im = I0 < S, celle d'un foi réelle, à une position Im' "médiatisé" par Im : i.e.: Im' < Im.

- Quelle est la stratégie?

- C'est tout simplement une petite arnaque intellectuelle que le Sujet se tricote pour éviter son angoisse du vide en I0, qu'il (en DM) objective en peur d'une représentation en Im du Symbolique: Im' < Im < DM.

- Ça me rappelle d'anciens développements que tu avais déjà fait concernant la différence névrose/ psychose.

- Oui, il faudrait tout reprendre, nous l'avons déjà dit. Mais cela nous donne également un schéma général concernant le rôle et le développement de l'esprit sectaire dans nos sociétés dans la mesure où l'accent est porté sur l'importance de l'individu, nous en parlions déjà dans "religion et sectarisme".

Mais là, après nos derniers développements, nous pouvons faire l'hypothèse que le sectarisme se renforce dans la mesure où notre culture met l'accent sur l'individu, et sur un rapport essentiellement logique à notre environnement; une pensée essentiellement dirigée vers R < I1.

- Tu ratisses large !

- C'est pourquoi je parle de changement de paradigme.

- Et comment le caractériser ?

- Par l'aspect fondamentalement quantique de l'organisation de notre appareil psychique, avec des sauts discontinus d'un mode de pensée à l'autre.

- Si tu en arrives là, que devient le triptyque d'Emmy Noether : invariant/ symétrie/ incertitude ?

- Si nous nous intéressons au saut Im'< Im, la brisure de symétrie, dans le sens de la descente, c'est précisément de limiter notre appréhension du monde (i.e.: R ou S) au seul Réel.  Et donc:

  • La symétrie c'est celle qui renvoie R à S ;
  • L'invariant, bien entendu c'est le Moi du Sujet (soit en Im, soit en Im' ) ;
  • L'incertitude, est celle du Sujet qui ne sait s'il est en Im (mode ex post) ou en Im' (mode ex ante).

Entre l'angoisse due à cette incertitude (Im/Im') et celle du vide (Im=I0) tu vois qu'il y a toute une palette de défenses que le Sujet peut mettre en place, tout en restant limité à ce que son développement intellectuel lui permet d'Imaginer.

- Bon, d'accord, mais si tu te mets à digresser de cette façon à chaque pas que tu fais dans ta réflexion sur les mathématiques, à mon avis, tu n'es pas près d'y arriver.

- Et si le chemin importait plus que la destination?

Sur ce, bonne méditation à tous !

Hari.

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