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Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...

L'Homme quantique

Le mythe de l'espace et du temps

Je vous ai déjà fait le coup d'utiliser la forme canonique des mythes pour montrer de quelle façon nous formons nos concepts fondamentaux.

Par exemple comment l'on peut lier les concepts d'existence et de vide ou du 0 et du 1, à partir de la théorie des Catégories (voir en détail  dans le chapitre 4 ou bien dans ce blog cet article), ou encore à propos des trous noirs, en physique (voir ces articles).

Mais les concepts fondamentaux de notre entendements restent peut-être ceux d'espace et de temps.

J'ai assez seriné ici que la différence espace / temps est de l'ordre de celle qui existe en linguistique entre synchronie / diachronie. J'y reviens encore dans mon dernier billet au sujet de l'espace. Pour le temps, j'ai déjà abordé il y a quelque temps les notions d'incertitude (voir ici) et de vitesse limite ou relativité restreinte ici. Si l'on en déduit que ces deux concepts sont directement liés à notre façon d'Imaginer un Réel qui nous échappe, à partir d'un Symbolique qui nous façonne, alors, sans doute, cette façon d'organiser nos perceptions est-elle une réponse à un problème qui se pose à nous?

Mais lequel?

Vous comprenez bien que cette question est la marque de notre position ex ante par rapport à elle. C'est donc qu'il faut poser le problème sous la forme d'un mythe (voir le mythe de la potière jalouse) dont le couple espace/ temps serait la réponse.

Réfléchissons à haute voix pour trouver une formulation correcte, toujours en suivant l'exemple de cette Potière Jalouse qui nous suit pas à pas : 

Si l'engoulevent et la femme sont semblables (jaloux et criards), comment ce peut-il que la femme puisse être potière, donc soigneuse, alors que l'engoulevent ne l'est d'aucune façon?

Ici, nous comparons le temps et l'espace. Mais qui est premier, des deux, qui est la femme, qui l'engoulevent ? Qu'ont-ils en commun, qu'est-ce qui les différencie ?

Leur différence essentielle est ce qui ressort de toutes nos précédentes réflexions, en particulier après le dernier billet sur l'espace: deux éléments que je distingue se présentent successivement dans l'ordre de la temporalité et simultanément dans l'ordre de l'espace. Rien d'étonnant au demeurant: c'est l'essence de la différence linguistique diachronie / synchronie. En d'autres termes, nous retrouvons ce d'où nous sommes partis et tournons en rond... C'est précisément cet automatisme de répétition qu'il faut dépasser par le mythe qu'il nous reste à construire.

Bien, nous avons la différence, mais qu'ont-ils en commun ? Ça c'est une bonne question ! Qu'en pensez-vous?

Bien entendu cette ressemblance n'est ni de l'ordre du temps, ni de l'ordre de l'espace. C'est donc très difficile à conceptualiser puisqu'en deçà des catégories espace/temps qui servant à construire nos représentations... Sans doute faudrait-il nous rapprocher de ce que nous en disent les neuro-sciences... Je n'ai malheureusement pas les connaissances suffisantes pour progresser dans cette voie.

Pour avancer malgré tout, nous pouvons peut-être remarquer qu'en état non rationnel, c'est à dire avant de classer les événements comme des suites temporelles, nous avons déjà des représentations spatiales, dans nos rêves par exemple. 

Mais d'un autre côté, nous savons qu'il est impossible d'avoir une vision simultanée de deux objets distincts sans la notion du temps pour aller de l'un à l'autre: l'espace, comme le temps, est fondamentalement de l'ordre de la succession. C'est dire que la conscience, qui vient en séparant le temps de l'espace, serait en soi une contradiction permanente.

La problématique espace / temps tiendrait dans la conscience que nous avons de l'impossibilité d'une simultanéité (espace) qui pourtant fonde notre conscience du temps (succession). Ou quelque chose de cet ordre.

En bref, le concept à expliciter serait celui de "simultanéité", et donc l'équivalent de la potière de la fable. C'est lui qu'il faut reconstruire à partir des autres éléments à notre disposition. Nous avons donc:

-  Temps   /  succession         et       Espace    /    simultanéité 

-  Engoulevent /  jalousie       et       Femme   /     potière

Et notre mythe Jivaro :

Fjalousie (engoulevent) : Fpotière (femme) : : Fjalousie (femme) : Fengoulement-1(potière)

Deviendrait:

Fsuccession(temps) : FsimultanéIté(espace) :: Fsuccession(espace) : Ftemps-1(simultanéité)

Autrement dit le concept de "simultanéité" qui nous sert à qualifier l'espace, naîtrait d'une négation de notre perception consciente du temps. Cette négation serait, en soi, le principe même sur lequel est fondé ce que nous considérons comme "simultané", à savoir l'espace.

Bien entendu, tout ceci n'est qu'un mythe, une façon d'exprimer une contradiction, à savoir un pur espace de simultanéité, alors même qu'un tel espace est impossible à parcourir, sans notion de temps, de mouvement ou de déplacement...

Un bon sujet de méditation, n'est-ce pas ?

Hari.

PS du 10/03/2018:

En feuilletant mon blog, pour voir à quel point j'ai oublié les traces que j'y laisse, je relis cet article "le concept de temps comme aporie du discours", et m'aperçois que j'y développe une autre utilisation de la forme canonique, mais cette fois-ci dans le champ du discours lui-même. Il y a bien sûr une progression du concept de successeur vers celui de temps, une appropriation par le langage, une tentative d'apprivoisement de ce temps qui ne cesse de nous échapper...

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J
Je poste ici puisqu'il est question de temps.<br /> Je vous rejoins peut-être sur votre façon de voir les choses. Il y a pour moi un temps synchronique, vide d'événements, en puissance, en stand-by: c'est l'aïon des Anciens Grecs. Et il y a le temps diachronique, le temps de chronopost. Chap. XXIII de "Le règne de la quantité..." de Guénon, et article "Structure et fonction en biologie aristotélicienne" de Thom (Apologie du logos) où il y a un diagramme "à la Carnot" qu'il lie à la fronce et donc, pour moi au flair, à la formule canonique du mythe (je vous rejoins peut-être sur votre façon de voir les choses). Temps circulaire de l'aïon, compactifié de H.Bohr de la droite, temps linéaire du chronos. Lupasco écrit qqchose qui me plaît tout à fait dans ce contexte: un phénomène ne se déroule pas dans le temps, mais déroule son temps. Le temps-aïon roulant sans glisser sur le temps-chronos?<br /> http://tiersinclus.fr/la-locution-en-meme-temps-sous-langle-de-la-logique-dynamique-du-tiers-inclus-contradictoire/
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H
Pourquoi ne pas chercher à comprendre ce que j'ai écrit ?