Sur les traces de Lévi-Strauss, Lacan et Foucault, filant comme le sable au vent marin...
12 Mars 2018
Hier, je faisais le lien entre deux mythes que j’avais construits autour du temps, en le caractérisant ici comme indicible, en l’opposant ensuite à l’espace.
Puis, je me suis souvenu d’avoir également utilisé la forme canonique des mythes pour reprendre le schéma en L de Lacan, en constituant le Moi comme une décohérence du couple "Sujet & Autre" (j’en parlais déjà ici).
Et je me sens obligé de revenir à ce couple "Sujet & Autre", car il ne colle pas bien avec ce que nous avons vu des objets initial et final qui borderaient notre Imaginaire. Et là, il faut bien l’avouer, ce sont les mathématiques qui viennent structurer la façon que nous avons de parler de nous-mêmes.
La première chose évidente, de ce point de vue, c’est de voir :
L’objet final, qui est en soi la réification de l’action élémentaire, diachronique, nous rattachant au Réel, le tuchê Lacanien, comme profondément rattaché à l’automatisme de répétition (l’objet se forme primitivement à force de répétitions), quand les mathématiques rattachent cet objet final à la multiplication, le ET logique.
L’objet initial, réification du "il existe" du matheux, rattaché comme nous l'avons vu à l'objet final, est quant à lui directement au contact du "Moi" du locuteur (celui qui choisit l’objet de son discours) à partir du Symbolique.
Or, ce dernier est quant à lui rattaché à l’addition, c’est-à-dire au OU logique.
Si nous en revenons à notre Sujet, cela reviendrait à dire que le Moi serait plutôt lié à un référé du type "Sujet OU Autre". De fait, si l’on y réfléchit 3 secondes, la formulation (S ou A) semble mieux adaptée, puisque pour le nourrisson, il n’y a pas de frontière entre sa mère et lui, et cet état fusionnel est bien une union, le OU logique.
Et cette remise en ordre, me ramène à toutes les images du Moi que nous offrent les mathématiques. Souvenez-vous :
Le théorème de Brouwer nous a suggéré l’idée que ramener le "Sujet" à la dimension du "Moi", ce serait comme ramener une peau de tambour à sa circonférence, ce qui occasionne un "trou". Or, cette béance n’est-elle pas du même ordre que celle que Lacan veut exprimer par son "S barré" ?
La constitution feuilletée de notre Imaginaire, en niveaux synchroniques nous a donné l’image du Moi, comme le "point de Banach", point stable qui se réfère à lui-même de niveau en niveau.
Autrement dit, le Moi se verrait comme "plein", lorsqu’en position ex post il regarde vers le Réel, et vide, lorsqu’en position ex ante il cherche à se définir par le Symbolique. Différence de perception du Moi (en se référant à l'extérieur de son Imaginaire), qui recoupe celle d’objets final/initial bordant son Imaginaire de l’intérieur.
Mais le fond de ma pensée est celui-ci : si vous revenez aux deux premiers types de connaissance de Spinoza, l’une immanente (depuis le Réel vers le Sujet), l’autre transcendante (depuis le Symbolique vers ce même Sujet) il y a forcément un moment où les deux vont se croiser : c’est le théorème du point fixe, qui en soi est tout à fait banal.
En effet, supposez deux conducteurs sur une même route, par exemple Paris / Lille. L’un part de Lille pour rejoindre Paris, quand le second part de Paris, vers Lille. Il y a forcément un instant "t" où les deux conducteurs seront au même endroit.
Et bien, cet instant de convergence me semble être une parfaite métaphore de ce qu’est "prendre conscience de Moi".
Je ne vais pas développer plus avant dans ce billet, mais réfléchissez-y. Il me semble que tout ce que les neurosciences découvrent concernant le fonctionnement de notre cerveau tourne autour d’un système de convergence de ce type.
Ce qui conforte me semble-t-il toute notre approche du temps en montrant la position centrale du Moi quant à sa perception : les deux sont intimement liés.
Bonne rumination,
Hari